Malgré toutes les bonnes raisons de donner, vous rencontrerez probablement trois objections principales : « C’est le travail du gouvernement », « Les préjugés » et « L’individualisme ». Il est important de savoir comment répondre à ces objections et d’encourager une réflexion plus approfondie.

Objection #1 : C’est au gouvernement à régler les problèmes 

Ma réponse, bien que longue, est conçue pour rester dans les esprits. Elle repose sur les trois systèmes :

1 – Le système économique, qui crée de la richesse

2 – Le système politique/judiciaire, qui crée de la justice

Malgré ces deux systèmes, la pauvreté, la détresse et l’exclusion sociale persistent. Ces systèmes ne suffisent pas à créer une société épanouie. C’est là qu’intervient le troisième système…

3 – Le système social, qui assure la qualité de vie des citoyens :

– Accueille mieux les immigrants

– Soutient les jeunes des milieux défavorisés

– Brise l’exclusion et l’isolement

– Maintient la violence à distance

Le système social change des destins et est financé à 50 % par l’État via les déductions fiscales sur les dons. Il est géré par des milliers d’OBNL efficaces, dirigés par des personnes en « mission », sans bureaucratie excessive. Lorsque vous réfléchissez à votre intérêt personnel et faites appel à vos valeurs, vous investissez dans ce système.

Objection #2 : Les préjugés 

Pour répondre aux préjugés, il est essentiel d’avoir des informations sur l’écosystème communautaire. Participer à une visite d’organismes communautaires est un excellent moyen de développer un langage convaincant. Les préjugés se divisent en deux catégories :

Juger sans savoir

– Le budget d’une personne sur le bien-être social ne permet pas d’acheter une passe d’autobus.

– Les organismes communautaires servent 1200 repas par jour aux personnes démunies à Québec.

– Les immigrants ont 35 % plus de chances de voir leur CV refusé lors du premier tri (étude sur 590 CV à Montréal).

Juger sans vouloir savoir

– Certains pensent qu’au Québec, même les personnes pauvres vivent confortablement. En réalité, certaines personnes consacrent plus de 30 % de leur budget au logement, n’ont pas accès à des aliments bon marché à proximité, et leur espérance de vie est inférieure à 7 ans.

« Les étiquettes sont sur les pots, pas sur les personnes. »

Objection #3 : L’individualisme  

L’individualisme, aussi appelé « chacun pour soi », est devenu une mentalité prédominante depuis deux générations. Cela diffère de l’époque où Kennedy a été élu avec le slogan : « Ne demandez pas ce que le pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. »

La réussite individuelle est valorisée, mais le besoin excessif de performance et la compétition peuvent mener à une pression malsaine. Cette pression se manifeste dans divers aspects de la vie, comme au travail, au gym ou dans la maîtrise des outils informatiques. Est-ce un progrès quand 40 % des demandes d’invalidité auprès des assureurs sont d’ordre psychologique ?

Il est simpliste de penser qu’une personne n’a pas besoin des autres. Personne ne peut sérieusement prétendre qu’il ne doit rien à la communauté. La communauté comprend nos clients, nos gardiens, nos professeurs. Pas de salaire sans communauté.

L’individualisme repose sur la fausse idée que l’on peut revendiquer des droits tout en échappant à ses responsabilités. Pour les personnes qui adhèrent à l’idée du « chacun pour soi », vous pouvez proposer de relever le défi que Pierre Côté, auteur de l’indice relatif du bonheur, a accepté : être laissé à l’entrée du pont Jacques Cartier, sans argent autre que l’allocation mensuelle du bien-être social, sans expérience professionnelle sur le CV, sans téléphone cellulaire, et sans pouvoir contacter ses amis, tout en vivant sur l’île pendant deux mois.